
L'affiche du film de 1925
Ce film muet a été produit par Carl Laemmle et, suite à des querelles, s’est vu réalisé par plusieurs metteurs en scène, Edward Sedgwick et Rupert Julian notamment.
Le film a été fait pour mettre en valeur l’acteur Lon Chaney, as du déguisement et du grimage, afin de rapporter des bénéfices à la compagnie Universal.
Chaney a vu sa réputation augmenter avec ce rôle où l’aspect horrible du fantôme est sa création personnelle: il ne s’agit que de maquillage, et il le faisait lui-même. Le moment du film où il se montre à Christine a, à l’époque, provoqué dans les salles des évanouissements.
Pour ce qui est du déroulement de l’histoire, l’action commence dans une sorte de caverne où l’on voit évoluer une silhouette, puis un maître de ballet -ou un régisseur? Ce n’est pas très clair, vient, affolé, mimer la cause de sa panique au milieu des petits rats.
Mary Philbin interprète la cantatrice Christine Daaé mais, à mon avis, n’est pas très convaincante. Très rigide à l’écran, je la trouve peu expressive et, de fait, peu apte à attirer la sympathie du public. Au contraire, Erik, gros, vieux et laid, sorte de polichinelle de plus en plus dangereux est incarné de façon à la fois comique et macabre, avec de grands gestes et des jeux d’ombres.
Raoul, le romantique, est tout aussi falot dans ce film que dans le roman de Leroux. le vrai problème étant surtout que l’acteur ne fait pas du tout jeune et cela le rend moins crédible. Je reviens sur “falot” au cas où ceci déplaise aux fans. Je ne fais pas ici de reproche au personnage, je maintiens au contraire qu’il faut absolument que Raoul le soit, sinon, comment serait-il possible de lui préférer le monstre tueur, alors qu’il a tant de qualités?
Or, on a pitié de Chaney, et quel dommage, cette fin dans la foule -superbement filmée par ailleurs- où le fantôme se fait lyncher en bord de scène après une poursuite en fiacre. Cette scène est trop typique des films horrifiques de l’époque où il fallait que la population se venge du monstre. Leroux était beaucoup plus ambigü, comme son héroïne, et montrait un respect pour la créature qui confinait à l’admiration.
La scène où le fantôme vient déguisé en Mort rouge est certainement la plus réussie, et a fait l’objet d’un filmage en couleurs, sur cet extrait seulement.
La version que j’ai vue est accompagnée d’une musique de Schubert, la symphonie n° 8 et le trio pour piano en mi bémol, opus 100. Seulement, quand elle se termine, on la remet au début et on la rejoue toute jusqu’à la fin du film!