Love Never Dies, l’album.

"Love Never Dies, l’album." Par Busybee, publié le 11 avril 2010 et rangé dans Musique.

La pochette du CD de Love Never Dies

La pochette du CD de Love Never Dies

Voici mes premières impressions après l’écoute de Love Never Dies, l’album enregistré du spectacle d’Andrew Lloyd-Webber, la suite supposée du Phantom of the Opera.

D’abord, l’histoire. Le scénario est très très tiré par les cheveux et surtout ne va pas du tout avec les indications du roman de Gaston Leroux, même révisé par le premier spectacle. En effet, ALW s’est inspiré énormément du roman mal écrit et ridicule de Frederic Forsyth, Le fantôme de Manhattan, après avoir raconté que non, il ne s’agissait pas de la même intrigue…

Bref, le fantôme serait parti à New York où il aurait fait fortune à Coney Island en produisant des shows bon marché pour les touristes en goguette de la fin du dix-neuvième siècle. Les gens ne partiraient pas en courant en le voyant, et il ne serait plus un dangereux meurtrier, ni la représentation freudienne de deux choses importantes: l’art pour l’art, à qui on sacrifie même la vie, et le “ça”, l’empire inconscient des pulsions que l’être humain passe son temps à cacher, refouler, combattre, mais qui est pourtant bien là.

Bref, le fantôme est domestique; on ne lui voit pourtant ni maître ni laisse. Il est tout calme, ne se met pas en colère et ne fait peur à personne… et surtout, il n’essaie plus de pendre les gens où de les faire tomber dans des trappes; il les sauve! Ha ha.
Il ne fait plus peur à personne au point qu’il a sous sa coupe la mère Giry et sa fille Meg. On se demande pourquoi elles l’auraient suivi, franchement! Meg devait devenir “Impératrice” suite aux fausses prédictions du fantôme et dans le roman de Leroux, elle se retrouvait en tous cas mariée à un aristocrate et donc titrée. ALW nous vole le seul happy end du roman! La mère Giry, qui a une assez belle partition et chante bien, s’est imaginée qu’avoir un accent français, c’était récupérer le fort accent allemand aux relents nazis de l’excellent Joel Grey dans Cabaret. En tant que française, je m’insurge. On se renseigne sur les accents avant de faire n’importe quoi… On n’y croit pas une seconde et on ne comprend pas sa colère. Pas d’argent, pas d’avenir? On ne suit pas un meurtrier en cavale dans l’espoir de faire fortune. ALW a oublié ce détail.

Quant à Meg, c’est bien pire. Peut-on imaginer la jolie petite danseuse, meilleure amie de Christine Daaé, dansant dans un bouge et chantant des bêtises répétitives laissant entendre qu’elle est stripteaseuse et même qu’elle se prostitue occasionnellement? D’autant que sa mélodie Bathing Beauty va bien une fois, mais quand sa répétition occupe la moitié de l’album, on se dit qu’ALW ne savait plus quoi écrire? C’est beaucoup moins joli et surtout beaucoup moins drôle que les Notes… des deux directeurs, eux aussi ressorts comiques dans le premier spectacle, comme dans le roman. Là où le bât blesse, c’est que si on veut faire du comique et du léger avec un personnage, on ne peut pas AUSSI en faire un meurtrier potentiel ou un psychopathe, on ne peut pas AUSSI en faire un vilain jaloux dangereux qui n’a pas de qualités, de charme, etc… et une voix décevante en plus. Désolée Mademoiselle.

Christine mariée à un Raoul devenu snob, joueur, alcoolique et ruiné, ce qui l’oblige à chanter à nouveau et à accepter un contrat à l’étranger, pourquoi pas? Bonne idée après tout. Le problème, c’est qu’on contredit totalement la dernière séquence du film de Schumacher, auquel ALW collaborait cependant. Qu’ils aient un enfant, bien sûr. Que le père ne l’aime pas, c’est déjà plus étrange. Que l’enfant ne soit pas de lui, ben voyons. A aucun moment il n’est possible que Christine ait couché avec Erik. Pas parce qu’il n’y a pas de blancs dans la narration, mais parce que, d’une part, seul le viol l’aurait permis, étant donné la situation, et d’autre part, le fantôme fait clairement allusion à son impuissance à la fois dans les paroles de la dernière scène de l’opéra et dans le roman de Leroux. Enfin, le fait qu’Erik a un seul désir, c’est un désir de mort -il écrit son propre Requiem, il dort dans un cercueil, et s’il se prend pour Don Juan, c’est un Don Juan mortifère, qui est déjà parti en Enfer et parade en séducteur par auto-dérision- n’aurait pas pu disparaître ainsi. Quand le fantôme disparait à la fin, c’est parce qu’il est ectoplasme; on ne peut lui imaginer une seconde vie, une seconde chance. Il se dissout lentement, il part comme un illusionniste, mais c’est bien sa fin.

Cependant, la seule vraie bonne idée de LND, c’est bien cet enfant, Gustave. Le garçon chante bien, est émouvant, et son évolution au cours de l’album est assez logique. Mais comme dit l’excellent Ryan Dixon dans son blog, il ne reste plus qu’à attendre “Phantom 3: Son of the Phantom”.(Allez lire sa critique tordante à se rouler par terre; c’est en anglais, désolée. http://fierceandnerdy.com/?p=14122)
De plus, il a le seul numéro musical, un duo avec le fantôme, qui, à mon avis, soit en rapport avec le son “clip années 80″ d’une bonne partie du spectacle original. En vieille croutonne qui n’aime que la musique de ma propre adolescence, j’ai adoré The Beauty Underneath. Et le texte n’est pas bête (celui-là).

La grosse déception, c’est Christine. Je ne parle pas du tout de la voix de son interprète, non. Le problème, ce sont les chansons qu’on lui a attribuées: peu de mélodie, totalement molles, un texte chaque fois très idiot et très répétitif du style “It’s love, it’s life”. On ne peut absolument pas s’identifier à elle. Elle est froide et inexistante, voire barbante. On nous dirait qu’elle est sous morphine, je n’en serait pas autrement surprise. Elle chante des berceuses “convenables” à son gamin, proteste à peine contre les colères permanentes de son mari. Il n’y a rien de mal à être gentille et douce, mais où est passée la personnalité de la cantatrice, prête à s’enflammer, à se révolter parfois, à être en permanence dans le doute entre deux hommes, notamment? Mon Dieu que cette Christine est ennuyeuse, et ses chansons sans intérêt!!! Quel regret après “Have you gorged yourself at last, in your lust for blood? Am I now to be prey to your lust for flesh?” avec une vraie performance sur la note de fin.

Quant à la fin: pourquoi tuer Christine sous prétexte que Forsyth l’a fait? Surtout par accident. Quel intérêt? Que prouve-t’on? Quitte à tuer quelqu’un, c’est le fantôme qui devait -pour la seconde fois, après tout, c’est un fantôme- trépasser. C’est lui le personnage titre ou pas? En la tuant de cette façon sordide, on fait de Christine le rôle secondaire d’un mélodrame, vraiment pas d’une tragédie, et alors le premier rôle féminin, ce serait MEG? Ha ha ha. Encore une ficelle trop trop grosse, vu que cette fois on manque de cordes et de pendus, comme le souhait d’apprendre à nager de Gustave à son arrivée à New York. Là aussi, on prend les spectateurs pour des idiots, il ne faut pas exagérer! On dirait qu’ALW se venge de Christine. Après tout, on pourrait considérer que c’était la femme de sa vie. Il vient de l’effacer par petites touches.

Et Raoul? Eh bien, c’est LA bonne surprise. Il passe de falot inconscient à torturé intéressant qui accepte, j’ai bien dit accepte un marché de dupes avec le fantôme. On peut enfin avoir pitié de son personnage et se dire qu’on l’aime bien, avec ses faiblesses, on peut aussi trouver qu’il a des chansons intéressantes qui le transforment en personnage de premier plan; ce n’est pas trop tôt.

Maintenant, les personnages secondaires de Fleck, Gangle et Squelch sont plutôt intéressants bien que sous-utilisés. J’aime bien la voix de Fleck et le fait qu’elle présente le prologue.

Pour revenir à la partition: l’ouverture et le prologue sont bien, ainsi que Till I hear you sing et The Beauty Underneath. Why does she Love Me est réussi et Devil take the Hindmost est complexe et intéressant, c’est un duo, enfin, entre les deux hommes, quelques passages musicaux me rappellent énormément Sweeney Todd aussi. On peut se passer de tout le reste, surtout de la chanson titre, un vrai pensum. Si encore les textes étaient intelligents, spirituels, variés en vocabulaire… On voit bien que Ramin Karimloo fait de son mieux, mais comment a-t’il pu accepter de porter un spectacle aussi insuffisant? Mystère. $.

Reste à essayer de voir le spectacle pour pouvoir parler de la mise en scène, des décors et des costumes. Un de ces jours peut-être, mais pas dans l’immédiat.


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